vendredi 31 décembre 2021

Eric Fottorino, Mohican

 Eric Fottorino, Mohican, Gallimard, Gallimard, 2021. 

 

Le genre: roman sur les-oubliés-de-la-campagne aux prises avec le progrès technique ; avec dedans aussi une histoire de relation père-fils.

 

L’histoire : Ça se passe dans le Jura. Il y a Brun, un vieux paysan taiseux bourru un peu ours et dur au mal et qui tombe malade et qui ne veut pas trop l’admettre parce que toute sa vie il a bossé et c’es pas le genre à se plaindre, etc. Et il y a Mo, son fils, qui lui s’intéresse à l’agriculture bio, etc. et puis il y a une entreprise qui a besoin de terres pour installer des éoliennes et qui achète des terres au vieux paysan. Et l’intrigue se développe autour de tout ça. Le vieux paysan raconte sa vie à son fils, le père et le fils se parlent plus que jamais à mesure que la santé du paysan se dégrade. L’entreprise installe ses éoliennes, et ça fait fuir les petits oiseaux, et alors le fils du paysan il se dit, faut faire quelque chose. 

 

Mon avis : bof. Style pas très nourrissant, histoire assez convenue. On peut même jouer à un jeu assez rigolo : deviner à l’avance ce qui va se passer. C’est vraiment pas bien difficile, puisqu’on a tous les lieux communs propres à ce genre de thème (le vieux paysan est bien bourru et pudique et taiseux comme il faut, et vous savez quoi, quand il était petit il y avait davantage d’oiseaux qui chantaient, il n’y avait pas tout le confort qu’il y a de nos jours (les chiottes étaient dans la cour) mais au moins ; et puis le chef de chantier qui vient installer les éoliennes est bien méchant et bien retors comme il faut ; et puis la nature est bien jolie comme il faut, et il faut la sauver ; etc,.etc.,etc., et c’est comme ça pendant à peu près tout le livre. Face à tous ces lieux communs à un moment je me suis dit, si ça se trouve c’est un livre qui date d’il y a quelques années, qui était moins convenu à l’époque de sa sortie, et qui est juste « victime » du fait que ces thèmes soient devenus un peu banals avec les années. Alors j’ai regardé la date sur la première page. 2021. Arf.

Soit dit en passant : un des seuls trucs inattendus c’est les prénoms des personnages (Brun et Mo). Bizarre. comme si Fottorino avait hésité entre des prénoms crédibles et des prénoms fantaisie, et qu’il avait coupé la poire en deux. Bon. 

Mais bref le fait que l’histoire soit convenue je trouve ça pas grave du tout, moi perso souvent j’adore les histoires toutes simples et souvent j’adore même les stéréotypes et les clichés et les lieux communs, je trouve que quand on joue avec ou qu’on s’appuie dessus ça peut faire des livres super, il suffit qu’il y ait des choses charmantes ou drôles ou stylées. Mais là je ne les ai pas trouvées chez Fottorino. 

Bon j’avais déjà lu un Fottorino il y a quelques années (c’était Baiser de cinéma je crois) et pareil je n’avais pas trop aimé. 

Les trucs qui m’ont plus quand même : Certains passages sur la relation entre le père et le fils et le fils qui aide le père (qui lui coupe sa viande, qui lui pèle ses poires) m’ont ému – peut-être parce que j’ai un père qui vieilit et qui est en pleine forme mais à qui il faudra peut-être un jour que je pèle les poires. Donc si ça se trouve si j’étais fils de paysan ou miiltant pro ou anti éoliennes j’aurai mieux aimé ce livre. Va savoir. 

Et la langue est sans charme mais sans lourdeur. C’est déjà ça. C’est écrit au passé, avec des passés simples décomplexés, et ça je trouve ça sympa de ne pas laisser les passés simples à Lévy et Musso et Houellebecq, les livres au présent à la Edouard Louis why not mais les livres au passé c’est chouette aussi. 

Mais bon bref : y a plein de romans mieux que Mohican, je trouve.  

 

Un extrait : 

 

« Brun opina. Ça irait pour cette fois. Ses yeux criaient « aide-moi », mais il se garda bien de rien dire. Fichue fierté. Le fils approcha la roue des gorges en fer. Brun tenait à serrer les boulons. Ils échangèrent encore un regard. Fâchés ou non, ils savaient bien qu’ils étaient forczés de s’entendre. Etre deux pour ne faire qu’un. Même quand ils ne se parlaient pas ils avaient la complicité des gestes, comme rectifier un sillon à la main, ou glisser dans leur poche des graines versées en trop. »

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