Cette
nuit je n’ai pas rêvé que je niquais ma mère,
Ni
que je pelais un œuf dur et qu’à l’intérieur de l’œuf dur, une fois la coquille
partie, il y avait un diamant en or.
Je
n’ai pas non plus rêvé comme l’autre nuit que je jouais du ukulélé à une
répétition des Beatles, même qu’au début ils m’écoutaient distraitement, et
puis qu’au bout d’un moment l’un d’eux, je crois que c’était McCartney mais je ne
suis pas sûr, c’était pas vraiment McCartney en fait il n’avait pas le visage
de McCartney mais il avait des cheveux noirs comme McCartney et surtout il
avait aux pieds des claquettes, et sur la pochette d’Abbey Road il a failli
être en claquettes, si si il y a certains photos où il porte des claquettes,
alors on l’a échappé belle quand même vous imaginez McCartney en claquettes, ma
mère en short ok mais McCartney en claquettes, sur une pochette des Beatles,
non vraiment on l’a échappée belle, je n’ai pas rêvé disais-je comme l’autre
nuit que je jouais du ukulélé à une répétition des Beatles même que après
qu’ils m’aient d’abord écouté avec indifférence l’un d’eux s’approchait de moi,
et me complimentait, sur mon jeu de ukulélé.
Je
n’ai pas rêvé non plus comme l’autre nuit que je descendais dans la cuisine,
dans une maison toute blanche, même que les murs étaient tout blancs, genre
limite vestiaire à la piscine municipale, des murs un peu en carrelage, en
faïence, même que dans la cuisine, il y avait un gros réfrigérateur, et j’ouvre
le réfrigérateur, et je sors un pot, et c’est de la confiture de coings, ou de
rhubarbe, en fait, je me dis c’est de la confiture de coings ? et puis je
finis par me dire, Non c’est de la rhubarbe, et j’ouvre le pot, c’est dur
d’ouvrir le pot, j’ai du mal, mais je finis par réussir à l’ouvrir, le pot, de
rhubarbe, et je mets la confiture sur du pain de mie, et je me dis, Mais tu es
vraiment con tu es vraiment con de mettre de la si bonne confiture sur du pain
aussi dégueulasse, et là je me traite vraiment de con. Et j’hésite à la mettre
à la poubelle la tartine. Mais je n’ose pas. Et je suis complètement figé, et
je sais que quelqu’un va peut-être venir, j’entends un bruit, et je ne veux pas
manger la tartine, je ne veux pas la jeter, je ne veux pas non plus que la
personne qui descend, quelqu’un de ma famille, ma mère peut-être, ou alors
c’est peut-être moi, qui viens, moi qui viens me forcer à décider quelque
chose, mais je ne sais pas quoi en faire de cette tartine, et c’est là que je
me serais réveillé cette nuit si j’avais rêvé de ça mais cette nuit je n’ai pas
rêvé de ça.
Je
n’ai pas rêvé que les touches de mon ordinateur tombaient une à une, comme les
dents d’un pauvre qui perd ses dents une par une.
Non,
je n’ai pas fait tous ces rêves.
Ou
alors, si je les ai faits, je ne m’en souviens pas. Pas pour l’instant en tout
cas. Car ça reviendra peut-être. Parfois ça revient, dans la journée. Et si ça
me revient dans la journée c’est l’après-midi, en général. En plein milieu de
l’après-midi, parce qu’avant c’est compliqué, à cause de la viscosité postprandiale,
la digestion ; et après c’est compliqué parce que je suis fatigué, ou
pressé, parce que la fin de la journée approche et que j’ai encore des choses à
faire. Non vraiment c’est le milieu de l’après-midi le meilleur moment,
pour que je me souvienne de mes rêves.
Le
deuxième meilleur moment, parce que le tout meilleur moment, c’est le matin, au
réveil. Juste au réveil. Alors juste à côté de mon lit je n’ai pas un papier et
un crayon, pour noter mes rêves juste au réveil. Non, car des papiers et des
crayons, j’en ai à la fois zéro, et mille. Je veux dire : J’en ai plein,
mais c’est tellement le bordel autour de mon lit que je ne mets jamais la main
dessus quand j’en ai besoin, c’est comme si j’en avais zéro.
Donc
mes rêves, soit je ne les note pas, soit je les notes sur mon ordinateur.
Cette
nuit donc, pas de rêves. Tant pis. Je redormirai un autre jour.