samedi 25 avril 2020

Y en a marre du gouttelettes-bashing

Y en a marre du gouttelettes-bashing. 
Ok, les gouttelettes trimbalent des virus qui tuent. Mais c’est aussi sur une gouttelette qu’est basé le PBLDM (plus beau livre du monde). Dans A la recherche du temps perdu, le narrateur raconte qu’il s’est longtemps couché de bonne heure, évoque les chambres où il a dormi, et les deux ou trois souvenirs, toujours les mêmes, qu’il avait de son enfance. Le livre pourrait s’arrêter là. Puis vient l’épisode de la madeleine. Il rentre chez lui un jour de pluie, sa mère lui propose un thé, et, exceptionnellement et contrairement à toutes ses habitudes, il y trempe un bout de madeleine, et au contact de la madeleine trempée de thé sur sa langue, il tressaille, et il tressaille tellement qu’il se fouille, et il se fouille tellement que tout à coup le souvenir lui revient, celui de la cuillérée de madeleine que sa tante lui tendait quand il était petit, et alors toutes les sensations reviennent, toutes les sensations, jusqu’alors oubliées, de son enfance, elles sortent toutes de la tasse de thé, du goût des miettes de madeleine trempées dans le thé, et c’est parti pour des milliers de pages sublimes.
Et la gouttelette, alors ? Eh ben la gouttelette, c’est celle, métaphorique, de l’odeur et de la saveur qui ressuscitent les sensations perdues, et qui, comme dit Proust, « quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, (…) restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir ».
Et cet édifice immense du souvenir, c’est la matière du livre. A la recherche du temps perdu repose sur une gouttelette.
Alors ouais : non au gouttelettes-bashing systématique. Nique les gouttelettes vérolées qui tuent. Mais touche pas à ma gouttelette qui porte sans fléchir l’édifice immense du souvenir. Ni à la tienne. Celle-ci on l’a tous quelque part, et elle, elle est sacrément chouette.

lundi 13 avril 2020

Miaoumiam

Miaoumiam
C’est comme ça que ça s’appelle
Ça se mange
Ça se mâche 
Lentement
Sauf si on est très
Très pressé
Mais sinon, ça se mâche
Lentement
Et ça se digère
Rapidement
Et ça se chie
De manière
Lapidaire
Dans un chiotte quelconque
Et après
On est plein d’énergie