dimanche 17 octobre 2021

Sagan, Les faux-fuyants

 Sagan, Françoise, Les faux-fuyants. 

 

Le genre : C’est du Sagan. Avec un côté « Martine à la ferme ». C’est des citadins qui se retrouvent aux champs.

 

J’ai kiffé. Allez, quatre étoiles. 

 

Les faux-fuyants, c’est donc l’histoire de quatre parisiens (deux femmes et deux hommes) riches et oisifs et mondains qui, pendant la débâcle de 1940, pour fuir l’avancée des allemands, s’en vont précipitamment de paris en voiture. En route, un poblème mécanique les amène à accepter l’hospitalité d’un paysan. Ils passent finalement plusieurs jours dans la ferme. Ces quelques jours à la ferme chamboulent pas mal les quatre personnages, qui révèlent et se révèlent pas mal de choses. 

 

C’est vraiment un Sagan. Comme d’habitude dans Sagan, c’est assez court (moins de deux cent pages). Comme d’habitude dans Sagan, les personnages sont des parisiens oisifs et riches et mondains. Comme d’habitude dans Sagan, on peut avoir l’impression pendant douze secondes que c’est un livre un peu frivole, et comme d’habitude on s’aperçoit très vite qu’en fait c’est juste et profond. Comme d’habitude dans Sagan, l’écriture est élégante et précise. Comme d’habitude dans Sagan, la manière dont les personnages sont campés et évoluent est hyper fine et précise et futée. Et comme c’est juste et précis et futé, ça touche à des choses assez universelles sur la vie l’amour la mort. Mais là en plus le fait que ça ne se passe pas dans les palaces et dans les salons parisiens, mais chez des fermiers pauvres et rustiques, ça donne un côté un petite exotique à ce livre par rapport aux autres Sagan. 

La fin nous rappelle montre que Sagan n’a que deux manières de terminer ses livres. Sa pente naturelle, c’est que les personnages, après qu’il leur soit arrivé pas mal de trucs, finissent par rentrer à la niche, revenir à peu près à la case départ - qui n’est pas tout à fait la case départ puisqu’il leur est arrivé des trucs en route. Et puis, parfois, pour alterner sans doute, pour changer, elle fait survenir un drame à la fin qui permet de finir non pas sur un retour au motif initial, mais sur un coup de théâtre. 

Si vous aimez Sagan, vous aimerez ce livre, pas forcément plus, mais pas moins que les autres. Si vous n’aimez pas Sagan, dommage pour vous. Et si vous ne connaissez pas Sagan : bah vous attendez quoi ? C’est des livres subtils et profonds, et hyper faciles à lire (ça se lit en deux ou trois heures), et qui coûtent pas cher. Lisez-en un. 

 

Extrait : 

Loïc Lhermitte n’avait jamais eu à supporter une telle fatigue physique, qui, pour un tempérament nerveux comme le sien, était au demeurant une bénédiction. Et il y avait longtemps qu’il ne s’était senti aussi bien. Arrivé en haut du chemin, il avait émergé de la combe et s’était allongé dans un tas de foin que sa machine à triple usage avait dédaigné lors du retour. Il avait tiré de sa poche un litre de du vin, rouge et frais, à goût de raisin, de la fermière et s’était allumé de l’autre main une cigarette paysanne et jaunâtre. Etendu sur le dos, des miettes de foin lui chatouillant le nez, la gorge âpre de raisin et la bouche brûlée de nicotine, il éprouvait une volupté et un plaisir de vivre comme il ne s’en rappelait pas de semblables. 

 

 

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